Des châteaux inquiétants posés au bord de marécages
brumeux, les rues sombres de Londres où le vent s'engouffre en sifflant,
la folie tapie dans chaque regard, chaque geste… Et puis… un détective
en kilt ! C'est là tout le charme de Mic Mac Adam, série tardive de l'école
franco-belge, parue initialement dans le Spirou des années 70, éditée
et rééditée en albums, et qui, aujourd'hui, reprend du service. Mic Mac
Adam est l'archétype du détective privé britannique, à la différence
près que ses créateurs initiaux (Benn et Desberg) lui ont donné deux
traits distinctifs : il est Écossais d'origine - d'où son kilt -, et ses
aventures sont teintées d'éléments fantastiques particulièrement débridés…
Dans ce nouvel album, dont la partie graphique est toujours assurée par
l'excellent Benn mais dont le scénario est repris par Brunschwig, on
retrouve les éléments fondamentaux de la série. On les retrouve même
avec le plus grand plaisir, malgré l'absence totale de risques pris dans
cette nouvelle série, qui écarte d'emblée toute évolution du
personnage pour se placer dans le droit fil des albums précédents.
Qu'importe ! L'essentiel est d'avoir le sentiment de retrouver un vieux
copain un peu perdu de vue et dont on se dit après bien des années :
"Sacré Mic ! Toujours le même…"
Fabien Tillon dans Bo-Doï
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Créé à l'origine par André Benn et Stephen Desberg pour le journal Spirou, Mic Mac Adam effectue un nouveau retour en BD avec de nouvelles aventures. Le scénario de cet épisode, intitulé Les Amants Décapités a été confié à Luc Brunschwig (L'Esprit de Warren, Le Pouvoir des Innocents). D'emblée, notre Ecossais se retrouve plongé dans son passé : il est appelé à Hillkirck, son village natal, pour une affaire de la plus haute importance. Il semblerait qu'on y ait retrouvé les corps de ses parents disparus dans les marais dix-huit ans plus tôt. Pour Mic, cette histoire le ramène longtemps en arrière, durant son enfance... Un tas de souvenirs reviennent ainsi à sa mémoire, tandis qu'on découvre de bien curieux habitants dans les marécages... Qui a dit que les fées n'existaient pas ? Les Amants Décapités est le premier tome de cette sombre et mystérieuse histoire imaginée par Luc Brunschwig. Le scénariste a mis en place un récit diabolique teinté de fantastique où il dévoile le difficile passé de Mic Mac Adam. André Benn a, quant à lui, fait considérablement évoluer son personnage et sa série. Fini les cheveux longs dans la nuque, Mic arbore une nouvelle coupe. Mais l'essentiel de la transformation tient dans la mise en page, les cadrages et le style graphique que le dessinateur de Woogee a appliqué aux "nouvelles aventures" de son héros. Ce qui témoigne de la maîtrise et du savoir faire que le dessinateur a acquis depuis ses premiers récits. Les couleurs des Color Twins accentuent encore le côté noir et dramatique de l'intrigue. |
Séduit par les propos tenus par Brunschwig dans une
interview, André Benn s'est adressé à lui sans même avoir lu « Le pouvoir
des Innocents » ou « L'esprit de Warren ». « C'est l'homme que je cherchais
pour reprendre la série » avoue-t-il d'emblée. Et c'est vrai que la rencontre
a porté ses fruits. Mic Mac Adam, abandonné par Desberg et Benn en 1987 après
plus de trois cents pages d'aventures dans Spirou, connaît aujourd'hui
davantage qu'une résurrection : une seconde naissance.
La force de Luc Brunschwig, on la connaît. A travers toutes les séries qu'il
anime, on a pu découvrir deux constantes : l'épaisseur de ses personnages et
sa maîtrise de la narration. Il en fait ici une nouvelle fois la preuve. Que
savait-on de Mic Mac Adam, en 1987, après neuf ans d'existence ? Rien, ou
presque. Le personnage était creux. Sans personnalité et presque sans passé
(une vague cousine était apparue dans « La dernière chasse », une aventure
de 1984 reprise dans « Les classiques du rire » consacrés à Mic Mac Adam par
Dargaud en 96. Mais Phyllis, la cousine en question, s'était retrouvée
assassinée au bout de... deux pages !) Brunschwig s'est donc attelé à
construire un passé à son héros. Il le ramène sur les lieux de son enfance
pour mieux nous plonger dans l'horreur : Mic doit identifier les corps de ses
parents, disparus dix-huit ans plus tôt dans les marais d'Hillkirk. Le scénariste
réussit le grand écart entre cette nouvelle approche plus psychologique et le
respect du contexte de la série dans son ancienne mouture. Enquêteur de l'étrange
en kilt (une sorte de Fox Mulder à l'écossaise avant la date, Mic Mac Adam
?...), Mic va se trouver confronter à un épais mystère dans lequel les différents
protagonistes sont loin d'avoir tous levé leur masque. Brunschwig parvient à
installer un climat de thriller à la Jean-Christophe Grangé avec corps momifiés
et décapités sans pour autant sombrer dans l'horreur ou le glauque. Cela tient
en partie au registre de l'émotion et de la tendresse dans lequel baigne le héros,
plongé dans les souvenirs heureux et les lieux de son enfance. Cela tient aussi
à la distance que Benn parvient à mettre dans son dessin. Une distance qui a
toujours caractérisé la série mais qui, jadis, se doublait d'une bonne dose
d'humour, aujourd'hui relégué au second plan. La noirceur de l'histoire et le
trait « gros nez » de Benn se complètent admirablement pour nous faire
retrouver ce qui faisait l'essence de la série, un mélange de mystère et de légèreté
unique en son genre.
Que dire du dessin de Benn ? Ceux qui ont lu ses derniers albums (Woogee, chez
Dargaud) retrouveront dans ce nouveau Mic Mac Adam toute l'évolution récente
d'un travail devenu plus réaliste au fil des ans. Mais il est évident que Mic
n'est pas Woogee pour autant. Benn s'est remis en question et il propose une
fusion des genres qui lui réussit très bien. On regrettera parfois que les
cases ne soient pas plus grandes, mais la profusion d'idées et la richesse du
scénario ont amené les auteurs à faire le choix d'un album dense, afin de ne
pas dépasser les 2X46 planches pour raconter leur histoire. A bien y regarder,
on trouvera quelques ressemblances entre les personnages féminins de cette
histoire et le trait de Dany, mais l'ensemble reste dans la lignée de ce que
Benn a toujours fait : une ligne faussement « Marcinelle », proche d'un
Wasterlain et d'un Mittéi et pourtant très personnelle. Il avoue avoir
travaillé comme un fou. Ça se voit !
Thierry Bellefroid sur BD Paradisio en septembre 2001
- Régulièrement, Mic Mac Adam, héros fantastique né dans les années 70, tente un retour. Cette excellente série, qui aborde sous des abords anodins, façon BD classique école de Marcinelle, des thèmes souvent terrifiants, n'a jamais pu se trouver son public. Espérons que, cette fois, avec la collaboration de Brunschwig, qui signe ici un scénario particulièrement dur et éprouvant, à la fois pour le héros et le lecteur, il trouvera enfin un succès bien mérité. D'autant plus que Benn donne le meilleur de lui-même pour nous plonger dans une ambiance angoissante. On regrettera seulement la mise en couleurs dont on sent trop l'origine informatique.
Patrick Albray sur Universbd en octobre 2001
Coup dur pour Mic Mac Adam. Notre Ecossais reçoit un télégramme l'informant que l'on a retrouvé les corps de ses parents. Dix -huit ans auparavant ils avaient disparu dans les marais entourant le village de Hillkirk. C'est le début d'une étrange aventure, peuplée de fées lumineuses, de chevaliers sanguinaires et de cadavres aussi dépités que décapités. Des ingrédients chers à Benn, le papa de cette excellente série née dans Spirou en 1978. A l'époque, c'était Desberg qui officiait au scénario et le public visé était nettement plus enfantin. La série sera interrompue pour cause de manque de succès en 1987. Aujourd'hui, c'est Brunschwig qui nous fait partager sa passion pour les manoirs et le dessin de Benn a encore gagné en efficacité - parfois - féroce. Dans un tel univers de morts-vivants, il ne faut pas s'étonner de voir ressusciter une BD qui a enchanté l'enfance de beaucoup d'entre nous. Heureuse résurrection qui nous donne envie de connaître la suite de ce suspense à se glacer les sangs...
Très bien P.W. dans Télémoustique No 3950 du 10
octobre 2001
Le détective écossais de l'étrange nous offre un plongeon touchant dans son enfance. On craque et vous?
L.D. dans La Meuse du samedi 5 janvier 2002