LES TETES DE SERIE
Mic Mac Adam : la première grande oeuvre d'André Benn
A mi-chemin entre humour et réalisme, Mic Mac Adam est considérée, par les amateurs de BD éclairés, comme l'une des séries les plus originales des années 70.
Mic Mac Adam, écossais au gros nez, dont les aventures se déroulent systématiquement loin de ses contrées d'origine, est né de la rencontre entre André Benn et Stephen Desberg. Le premier est dessinateur, le second scénariste. Ils se sont connus à Bruxelles aux Éditions du Lombard et ont débuté en réalisant quelques courtes histoires. Au hasard de leurs conversations, ils se sont découverts une passion commune pour les histoires fantastiques, à mi-chemin entre le polar et la science-fiction. Benn avoue alors qu'il est un disciple d'Edgar Poe et Desberg affirme qu'il voue un culte particulier à la Chasse du Comte Zaroff. Quelque temps plus tard, les deux complices se retrouvent dans les bas quartiers de Londres pour réunir les dessins et les photos nécessaires à la création de quelques courts récits, mais aussi d'une première aventure en 44 planches de Mic Mac Adam : Le Tyran de Midnight Cross.
La publication de l'histoire dans l'hebdomadaire SPIROU suscite un intérêt immédiat chez une grande partie du lectorat. C'est ainsi que trois cent trente-cinq pages vont être dessinées entre 1978 et 1987.
Parmi ces récits déjà mythiques figurent, entre autres La porte condamnée, Le nabot maudit, Le passeur de morts, Les étranges visites de Mr. Wax, Les mains d'ivoire, Les cinq miroirs ou Le bois des lépreux. Des oeuvres de jeunesse extrêmement prometteuses du créateur de Elmer et moi et de Woogee qui, publiées en album de façon éparse chez plusieurs éditeurs, sont aujourd'hui totalement épuisées. La collection Les Classiques du Rire (chez Dargaud) répare donc une injustice en reprenant plusieurs de ces aventures dans un recueil de cent soixante pages, précédé de quelques documents rarissimes, parmi lesquels un inédit : la couverture du premier livre d'André Benn.
Il n'a jamais édité, précise t-il en souriant avec nostalgie. Il s'intitule Renier et les voleurs de moto et n'existe qu'à un seul exemplaire. J'étais alors âgé de treize ans et, à l'école, au fond de la classe, j'avais pour voisin un garçon qui s'appelait Frère et qui passait ses journées à réaliser de petits croquis dans d'immenses cahiers. Finissant par l'imiter, j'ai dessiné, pendant les cours, les vingt premières planches de ma carrière. J'étais presque arrivé à la fin de mon travail lorsqu'un professeur, découvrant cette occupation illicite, s'est emparé de l'ensemble et l'a déchiré devant moi. Il pensait me punir, il m'a incité à persister. J'ai recommencé l'album, commencé des études de dessin, puis travaillé comme assistant chez Peyo. En veillant toujours à conserver précieusement les éléments de cet album d'adolescence...
JP
Intégrale Mic Mac Adam dans la collection les Classiques du Rire en décembre chez Dargaud.
